M: Voilà les 6 premiers jours de vélo accomplis !
Voilà le dénivelé correspondant aux kilomètres parcourus :


Nous avons mis 5 jours de vélo en tout pour arriver à destination, avec un jour de repos après les deux premiers jours, pour cause de pluie incessante (mais au final un jour de repos était plutôt bienvenu).

La veille du départ en vélo, on prend le car le soir pour Ovalle. Arrivée à 5h du matin, le temps de remonter les vélos, d'installer les paquetages et de prendre un semblant de petit dèj, puis on se met en route vers 6h30. Après le semblant de nuit passée dans le car et pour un premier jour de vélo, on ne prévoit pas d'aller très loin. On s'arrête vers les 13h après 24km (ce qui rétrospectivement était en fait une bonne journée déjà), au bord d'un ruisseau dans un petit coin un peu aménagé, on fait une petite sieste dans les hamacs avant d'installer le campement.

Le lendemain, réveil vers les 8h. Le temps de refaire du feu pour le petit-dèj, de remballer tout et de remonter les affaires sur la route, on ne part que vers les 11h. Le paysage est de plus en plus vallonné, ça grimpe bien mais mis à part quelques côtes un peu ardues qu'on monte à pieds en poussant les vélos (ce que, soit dit en passant, je trouve encore plus fatiguant qu'être sur le vélo), on s'en sort plutôt bien et globalement je suis contente de notre rythme même si on n'avance pas bien vite. On s'arrête camper après 27km, vers 16h, dans un petit coin super sympa encore au bord de la rivière. On essaye de trouver notre campement vers cette heure là pour avoir le temps de s'installer tranquillement avant la nuit (qui tombe un peu avant 18h, et dans la vallée, il fait déjà sombre et pas très chaud dès 17h).

Le lendemain matin, il pleut et il fait froid, du coup on traîne au lit en espérant que ça se tasse puis on finit par se rendormir comme des masses et ne pas émerger avant les 13h. On décide que ça sera notre journée repos... Vers les 16h un monsieur en pick-up vient nous klaxonner. Il nous dit que c'est pas une bonne idée de rester là car la rivière risque de monter avec la pluie, et il nous emmène chez lui. Il habite 500m plus loin, dans une vieille maison avec sa femme et ses 2enfants. Il me fait faire un tour de son jardin/champ (Brice ne vient pas à cause de son genou dans le sac) : il cultive du maïs et des fèves, et a une grosse serre pleine de magnifiques plants de tomates (pas comme ceux de chez Lepe, et pourtant il me dit que c'est la première fois qu'il en plante). Il me montre un peu les plantes du coin et les plantes médicinales mais vu que je n'arrive déjà pas à comprendre les noms, impossible de retenir grand chose malheureusement..
Le soir on file un coup de main pour le repas : frites maison (cuites à la poêle), salades de tomates, de radis, et surtout, oignons, tous seuls comme ça avec leur vinaigrette. Et bien c'était un truc de tueur, délicieux et tout doux, jamais je n'aurais cru qu'on pouvait préparer des oignons crus comme ça, je retiens (j'ai déjà essayé de reproduire mais ça arrachait la tronche, pourtant il me semble que j'avais le même type d'oignons, bref, je n'abandonne pas).
Dans la cuisine il y a un foyer intégré au mur, qu'ils utilisent pour chauffer l'eau ou réchauffer quelques trucs, et surtout, qui sert de chauffe-eau pour toute la maison. Et c'est plutôt efficace: il y a intérêt à faire attention à ne pas littéralement se brûler. Pour la nuit on est installé dans une pièce au sous-sol à côté de l'atelier qui a rendu Brice fou de jalousie : il y a absolument tout le nécessaire pour un bricoleur fou, et pour cause ce monsieur récupère tout pour en faire des trucs. Certaines poignées de porte sont faites de grosses vis soudées à des écrous, le "canapé" dans la salle à manger est une tête de lit bidouillée, il y a même une table constituée d'une ancienne meule. Tout ou presque est fait main chez eux, (Brice s'est extasié devant le "faux plafond" en bambou tressé), rien n'est perdu, tout est récupéré et bidouillé, c'était génial de voir toutes ces bonnes idées et d'être avec des gens qui savent bien la valeur des choses et qui ne considèrent pas toutes les choses usagées ou cassée comme des déchets. De la même façon ce monsieur vit de pas mal de choses : il fait taxi, il vend ses surplus de légumes, il vend des plants de rosiers ou autres (ceux qu'il ne plante pas pour lui même), il vend des barbecues qu'il fabrique, etc. En bref, un monsieur plein de ressources en plus d'une grande gentillesse, une rencontre fort inspirante!

Le lendemain, départ un peu tardif encore, on avance nos désormais habituels 24km avant de grimper nous installer en haut d'une colline au milieu des cactus avec une super vue sur un "canyon" fréquenté par quelques chèvres qui se baladent.

Le matin alors qu'on redescend les affaires et prépare les vélos, j'ai vu un "petit renard du désert" archi chou, avec une queue touffue noire et blanche, que je n'ai pas réussi à identifier parmi les espèces de renards présentées dans mon appli sur le chili. J'appréhendais un peu beaucoup ce jour là car nous arrivions enfin à la zone avec le plus fort dénivelé. Jusque là on avait une moyenne de 12,5 m de dénivelé par km, ce qui est déjà fatiguant (car en réalité c'est bien sûr une alternance de plus ou moins grosses montées et de moins grosses descentes), mais ne pose pas non plus problème. Or une fois passé Hurtado, le dénivelé passe à 80 m par km sur une dizaine de km (le gros pic vénère sur le graphique), ce qui me paraissait impossible, à juste titre. On a avancé d'environ 5km sur cette côte, principalement en poussant les vélos, et alors que j'envisageais de m'arrêter pour décéder sur place, un monsieur en pick-up nous a ramassés pour nous emmener en haut de la côte. Notre gentil sauveur nous a même offert une orange qui m'a paru être l'orange la plus délicieuse du monde.
Une fois en haut on pensait ne plus avoir qu'à descendre gentiment jusqu'à Vicuña. Bien sûr c'était compter sans mon porte-bagage qui a eu la bonne idée de se dévisser. Je sentais qu'un truc n'allait pas et on a pu s'arrêter pour remettre tout en place, mais à peine quelques km plus loin je sens que ça balance de nouveau et on constate que cette fois c'est une autre vis qui est partie, et qu'il y a carrément une pièce qui est tombée. Impossible de réparer comme ça et l'après-midi avançant sûrement, on décide de camper sur place pour la nuit, pour essayer de retrouver la pièce manquante et de bricoler quelque chose pour réparer le porte-bagage (parce qu'il y avait de toute façon un filetage abîmé). On a forcément droit à la pluie toute la soirée et toute la nuit (super pour les routes de terres!).

Le lendemain alors que Brice va prendre des photos il retrouve la pièce manquante qu'il avait cherché en vain pendant une heure la veille (ouf!) et on arrive à faire une réparation de fortune avec des colsons et de la paracorde. C'est reparti pour la descente jusqu'à Vicunã, mis à part une bonne grosse montée des familles qu'on a prise à pieds (voir la photo du panneau avec le camion qui descent à pic), ça descend tout seul et on a de super belles routes, un peu casse gueules mais plutôt moins boueuses que ce que je craignais après les jours de pluie. On arrive à destination à 15h30, 33km plus tard.